A) L’innovation constitue un levier essentiel de la compétitivité des entreprises
Les entreprises alimentaires l’actionnent de manière régulière : plus de 3000 innovations « produits » sont mises sur le marché dans le secteur alimentaire chaque année[2]. Tous les 5 ans, un demi-supermarché est ainsi renouvelé. Le taux d’innovation dans l’IAA est l’un des plus élevés dans l’industrie. Sur la période 2010-2012, 61 % des entreprises ont innové contre 53 % pour l’ensemble des entreprises marchandes[3]. Ce taux est relativement proche de celui constaté dans l’information-communication (67 %), secteur considéré comme l’un des plus innovants.
L’introduction d’un produit nouveau sur le marché, marqueur d’une réelle capacité créative des entreprises est le fait de 20 % des entreprises de l’IAA. Là encore, ce chiffre excède celui observé pour l’ensemble des secteurs marchands (16 %). A noter également, que dans le secteur alimentaire, deux innovations sur trois ont un impact positif sur l’environnement[4].
Face à une érosion tendancielle de la compétitivité française ces dernières années[5], le secteur agroalimentaire montre sa volonté de résister par un effort d’innovation sans cesse renouvelé : depuis 2009, le montant des investissements incorporels[6] a triplé dans l’IAA, tandis qu’il a légèrement reculé dans le reste de l’industrie. Rapportée à l’EBE, l’évolution de l’investissement dans l’immatériel passe de 9 % à 20 % entre 2009 et 2013.
[2] Source XTC
[3] Source : Enquête CIS (2012), Eurostat
[4] Source : Agreste (2011) « l’agroalimentaire innove en faveur de l’environnement »
[5] Gallois (2012), « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française »
[6] Cette notion recouvre aussi bien les dépenses liées à la recherche et développement, de formation, de logiciels et celles liées à l’action commerciale. Elle permet donc d’apprécier la création de valeur dans un secteur économique et son degré d’innovation de manière la plus globale possible (innovation produits, procédés, organisation et marketing).
Si elle voit son poids économique se renforcer, cette activité d’innovation possède une marge de progression encore importante. Directement liées à la production, les innovations technologiques constituent un enjeu particulièrement important pour le développement des entreprises. Elles permettent notamment la diversification face à la concurrence et un renforcement des performances à l’export. Dans l’IAA, le poids de ces innovations, s’il se renforce depuis 4 ans, reste toutefois encore inférieur à celui des innovations non technologiques (50 % des innovations).
Dans l’IAA, cette tendance peut s’expliquer par une défaillance de marché sur le financement de l’activité. Dans l’industrie agroalimentaire, le financement en fonds propres passe davantage par des financements publics[7]. L’émiettement du paysage de l’industrie agroalimentaire (76 % de TPE, 22 % de PME), rend en effet la présence d’investisseurs habituels du capital investissement, principal mode de financement des firmes innovantes, peu fréquente[8].
Pour les entreprises agroalimentaires, les difficultés portent principalement sur la complexité administrative des systèmes de financement et la multiplicité des interlocuteurs. Si une entreprise veut pouvoir bénéficier d’une aide, elle doit pouvoir :
- Identifier le système de soutien adapté à son projet. Cela passe par la connaissance du mille-feuille des organismes publics de financement (BPI, agences régionales de développement, FranceAgriMer, Conseils régionaux, ANR…).
- Etre capable d’utiliser la forme et le vocabulaire exigés par les commissions d’experts. Le plus souvent, il est nécessaire de faire appel à des sociétés qui en connaissent les mécanismes pour faciliter l’acceptation des dossiers.
Il demeure ainsi important de mieux orienter les entreprises de l’IAA face à ce mille-feuille que constituent les aides à l’innovation, d’autant que d’un point de vue macroéconomique, le manque de fonds personnels et la cherté des activités d’innovation constituent le premier frein à l’innovation des TPE et PME. Au total, près de 50 % des entreprises des industries agroalimentaires technologiquement innovantes déclarent avoir reçu un soutien financier public pour leur activité d’innovation. Ce chiffre est inférieur à celui constaté dans le reste de l’industrie manufacturière (61 %).
[7] Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Foret, Panorama des industries agroalimentaires, édition 2014
[8] Dans le secteur agroalimentaire, les investisseurs habituels du capital investissement sont peu présents. Au 31 décembre 2010, parmi les 3 326 entreprises pour lesquelles, l’AFIC (association française des investisseurs pour la croissance) dispose des codes NAF (sur 4 525 entreprises au total) seulement 36 ont une activité dans le secteur de l’agroalimentaire (soit 1,1 %). Entre le 1er janvier 2003 et le 30 juin 2011, pour les 2 828 entreprises ayant été investies par le Capital Investissement français et pour lesquelles l’AFIC dispose du code NAF (sur 6 538 au total), seulement 44 ont une activité dans le secteur de l’agroalimentaire (soit 1,6 %).
B) Le redressement de la confiance et du pouvoir d’achat récemment observé pourrait stimuler la demande de produits agroalimentaires
Contrairement aux idées reçues, la consommation alimentaire des ménages s’inscrit dans la catégorie des « dépenses arbitrables », dont l’évolution reste déterminée par le pouvoir d’achat. Dans un contexte de modestie du pouvoir d’achat, la consommation alimentaire a très nettement ralenti ces dernières années. La baisse très sensible du prix du période, observable depuis mi-2014 et qui s’est prolongée ces dernières semaines, stimule le pouvoir d’achat, ce qui pourrait être favorable à une reprise des dépenses d’un point de vue prospectif.
Vecteur important de consommation, la confiance des ménages s’est également graduellement redressée depuis plusieurs mois. En particulier, les perspectives de niveau de vie atteignent un niveau inobservé depuis 2007. L’opportunité d’achat se redresse également, témoignant d’une plus grande appétence à la consommation et un repli des comportements de précaution. Ces facteurs pourraient ainsi enrayer le recul structurel des dépenses alimentaires dans le budget des ménages. Depuis plus de 30 ans, le poids de l’industrie agroalimentaire dans le budget des ménages s’est en effet réduit. Il a perdu au total 4 points depuis 1975.