Dans le secteur agroalimentaire, la formation des prix entre l’amont agricole, l’industrie alimentaire et la grande distribution, constitue un facteur de rentabilité très important : la part des achats amont représente près de 55 % du chiffre d’affaires dans l’alimentaire contre environ 40% dans le reste de l’industrie manufacturière.
La hausse globale du prix des matières premières alimentaires et énergétiques récemment constatée devrait peser sur les résultats économiques du secteur, déjà en berne en 2016, dans la mesure où ils ne sont pas répercutés le long de la chaîne de valeur, dans un contexte de guerre des prix persistant.
Depuis le début de l’année 2016, le prix des matières premières suit une tendance haussière, inédite depuis 2011. A l’issue du mois de novembre 2016, le prix des matières premières alimentaires a augmenté de près de 8 % sur un an.
Les prix s’établissent désormais à des niveaux historiquement élevés et volatiles, en hausse d’environ 170 % depuis 2004. Cette haute volatilité empêche les industriels d’avoir une visibilité correcte sur leurs approvisionnements, mais surtout entraîne une grande tension sur leurs niveaux de trésorerie. Par grandes matières premières, la hausse est notamment visible pour le sucre (+32,2 %), le soja (+21,6 %) et le café (+22,4 %).
Depuis plusieurs mois, les industriels sont de plus en plus nombreux à anticiper des hausses de prix au cours des prochains mois, témoignant ainsi du regain de tension subi en amont sur le prix des intrants. Néanmoins ces tensions, aussi vives soient-elles, ne se transmettent pas le long de la chaine de valeur : la déflation alimentaire perdure en effet depuis le mois d’octobre 2013 dans le secteur.
Fin 2016, la guerre des prix concerne toutes les catégories de produits, qui affichent ainsi une déflation généralisée, de l’ordre de 4 points depuis 3 ans. Cette situation pèse sur les performances économiques du secteur agroalimentaire, qui voit ses marges s’éroder depuis plusieurs années (baisse de l’ordre de 4 points depuis 2007), alors qu’elles se sont reconstituées dans le reste de l’industrie, tutoyant même des niveaux inobservés depuis le début des années 2000.
L’instauration d’un climat des affaires favorable (fin de la guerre des prix), tout comme la mise en place de politiques publiques en faveur de la croissance et de la rentabilité des entreprises restent indispensables pour restaurer la compétitivité du secteur agroalimentaire, d’autant que « l’alignement des planètes » constaté en 2015 et en 2016 (prix du pétrole bas, baisse des taux notamment) ne devrait plus produire d’effets macroéconomiques en 2017.
Les moteurs économiques devraient donc être avant tout internes.