Jean-Philippe GIRARD, président de l’ANIA a d’abord rappelé que les 16 218 entreprises alimentaires, dont 98% de TPE-PME, pour pouvoir commercialiser leurs produits auprès des consommateurs, doivent négocier avec 4 centrales d’achat qui représentent chacune entre 20 et 25 % du marché.
Force est de constater que depuis 2013, les industriels se voient imposer systématiquement des baisses de tarifs par les centrales d’achat. La déflation a ainsi atteint près de 4% en cumul depuis le mois d’octobre 2013. A octobre 2016, la déflation sur un an s’est renforcée pour s’établir à -1,5 %. Cette guerre des prix ne stimule même pas la consommation car dans le même temps, la consommation alimentaire a encore ralenti en 2016 par rapport à 2015. Elle a progressé de seulement 0,8%, soit en deçà de l’évolution démographique alors que la consommation d’ensemble est à +1,8%.
En 2016, les prix des matières premières agricoles s’établissent à des niveaux historiquement élevés, en hausse de près de 200% depuis 2004. En octobre sur un an, et sous l’effet de conditions climatiques particulièrement difficiles (intempéries puis faible pluviométrie), le prix des matières premières alimentaires est reparti à la hausse (+12% en ga).
En 2016 toujours, le solde commercial de l’agroalimentaire français, s’il reste positif, se dégrade. Les derniers chiffres du commerce extérieur projettent un solde commercial à fin 2016 de 6.9 Md€ contre 8,0 Md€ en 2015.
Ainsi, une tension importante s’exerce sur les marges des entreprises agroalimentaires françaises. Contrairement au reste de l’industrie, l’industrie alimentaire peine à retrouver son niveau de marge d’avant la crise de 2007-08. Son taux de marge a ainsi baissé de près de 4 points depuis 2007. Ce constat est préoccupant pour la relance de l’emploi et de l’investissement.
Dans ce contexte, de nombreux secteurs alimentaires ont récemment renouvelé leurs signaux d’alerte sur les négociations à venir. Parmi eux, le secteur laitier par l’intermédiaire de la FNIL le 07 décembre ou encore le secteur de la charcuterie par l’intermédiaire de la FICT le 15 décembre.