Le secteur alimentaire français offre un potentiel de développement et de croissance important. Premier pays européen, en termes nombre d’entreprises, la France comporte toutefois presque deux fois moins d’ETI-Grandes entreprises alimentaires que l’Allemagne.
Cette matinale visait à donner les clefs aux entreprises alimentaires afin qu’elles saisissent au mieux les opportunités offertes par les outils financiers et les dispositifs d’accompagnement mis à leur disposition, dans un environnement réglementaire et prudentiel en constante évolution.
1- Résultats de l’enquête ANIA portant sur la situation économique et financière du 1er secteur industriel français
L’ANIA a réalisé une enquête de terrain destinée à appréhender de la manière la plus fine possible les différents modèles de financement et d’activité des entreprises alimentaires, toutes tailles et secteurs d’activité confondus. Au global, plus de 150 entreprises se sont exprimées sur leurs freins financiers, leur modèle économique (orientation de l’investissement, innovation) et sur les facteurs pouvant obérer leur potentiel de croissance. Parmi les principaux messages à retenir :
- Des entreprises le plus souvent familiales (70 % des répondants) et de petite taille (83 % de TPE-PME).
- Elles expriment un besoin de croissance important, avec comme préalable indispensable la nécessité d’un environnement réglementaire stable et prévisible. Les entreprises de taille modeste sont significativement plus nombreuses à ouvrir leur capital, ce qui leur offre un développement plus rapide.
- Le financement bancaire et l’autofinancement restent les sources de financement privilégiées par les entreprises. Cependant, les entreprises de taille moins importante ont rappelé l’importance qu’elles accordaient au financement public (CIR, aides publiques, avances remboursables…), tandis que les ETI- GE sont relativement plus nombreuses à privilégier des financements alternatifs (financement de marché notamment).
- Concernant leur stratégie d’investissement, les entreprises alimentaires apparaissent globalement tournées vers l’innovation, avec toutefois des disparités par taille d’entreprises, les ETI-GE privilégient en effet davantage des investissements de modernisation.
- Enfin, parmi les freins à la croissance identifiés, les TPE-PME sont plus nombreuses à signaler des difficultés de financement, notamment pour des activités liées à l’innovation. Cependant, pour cette catégorie d’entreprise, les difficultés de recrutement apparaissent de loin comme le 1er facteur handicapant leur croissance. Pour les ETI-GE, la difficulté à s’adapter à des marchés extérieurs exigeants en termes de coûts, mais également les relations commerciales tendues (liens avec la GMS) sont le plus fréquemment citées comme facteur pénalisant leur activité.
En résumé :
Si, d’un point de vue quantitatif, le financement n’apparaît pas comme un frein majeur à la bonne tenue de l’activité des entreprises alimentaires, il joue un rôle fondamental dans la croissance de ces dernières, notamment d’un point de vue qualitatif (orientation des investissements, du business model, sélectivité des projets).
Le financement des IAA apparaît multiforme et varié, tout comme les besoins des entreprises :
- Les TPE/PME répondantes s’expriment davantage sur des problématiques liées au marché domestique : recrutement, attention importante apportée sur les dispositifs publics de financement, qui doivent être rendus plus simples d’accès pour les entreprises , notamment pour des activités d’innovation ;
- Les ETI/GE répondantes s’expriment davantage sur des problématiques liées à la concurrence sur les marchés extérieurs, notamment sur des facteurs de coût. La diversité des outils de financements en France permet d’apporter des éléments de réponse à ces différents besoins, à la condition qu’ils soient bel et bien identifiés par les entreprises.
2- Résultats de l’Observatoire économique et financier du Crédit Agricole :
L’Observatoire a pour objectif de mettre en évidence les principales tendances du secteur sur les principaux agrégats : activité, marges, rentabilité, endettement et capacité à investir. Parmi les principaux messages à retenir :
- Une faible progression du chiffre d’affaires, portée par :
>Une activité à l’export soutenue dans certains secteurs (export de porc vers la Chine, secteur du vins et spiritueux toujours dynamique à l’export)
>des opérations de croissance externe (nutrition animale, spiritueux, multi-produits lait : ces opérations expliquent 50 % de la croissance du CA)
>un effet matières premières relativement important.
- Une rentabilité qui progresse, mais dont la hausse globale masque d’importantes disparités :
>Une amélioration concernant les filières laitières (hors PGC), les spiritueux, les fruits et légumes ;
>Une détérioration de la rentabilité pour d’autres filières impactées par la pression exercée sur les prix en France : légumes transformés, charcuterie, marché français du lait en PGC notamment.
- La tendance de vieillissement de l’outil de production persiste :
>Un sous-investissement chronique pendant plusieurs années, particulièrement perceptible pour les filières suivantes : abattage, légumes transformés, meunerie : ¼ des IAA ont un ratio d’amortissement supérieur à 80 %, susceptible d’altérer leur efficacité industrielle ;
>La rentabilité est structurellement faible de certains métiers de la 1ère transformation (abattage et découpe), ce qui place de nombreux acteurs dans une spirale récessive (baisse d’activité et de rentabilité, sous-investissement chronique, perte de compétitivité…)
- Cependant, quelques filières tirent leur épingle du jeu :
>La filière fromagère, en particulier les petites entreprises positionnées sur des produits régionaux et AOP (+7 % pour le CA).
>Des producteurs sont notamment très dynamiques sur le grand export. L’activité des plats cuisinés se renforce notamment grâce à une innovation constante.
En résumé :
Parmi les freins identifiés : guerre des prix sur le marché domestique qui obère l’évolution de la rentabilité des acteurs, un sous-investissement encore perceptible pour certains secteurs d’activités ;
Parmi les leviers de croissance à actionner : innovations, adaptation des produits aux attentes des consommateurs, export…
Pour aller plus loin :