Le secteur agroalimentaire représente un acteur économique et social majeur en France, en Europe et dans le monde. Dans un environnement économique plutôt favorable, la première industrie française peine à en profiter et ne parvient pas à générer une croissance rentable. Les entreprises agroalimentaires souffrent toujours des conséquences de la spirale déflationniste produite par la guerre des prix dans la grande distribution. Malgré un potentiel important, la capacité de l’industrie alimentaire à recruter, investir, innover et exporter est significativement freinée.
En 2015, l’industrie alimentaire se maintient en tête des secteurs industriels français avec un chiffre d’affaires stable de 170 milliards d’euros. Premier employeur industriel de France, les entreprises agroalimentaires emploient directement 440 926 salariés, pour une création nette de 4 332 emplois par rapport à 2014.
Dans un contexte intérieur de guerre des prix tenace entre enseignes, et malgré quelques facteurs externes encourageants, les 16 218 entreprises du secteur, dont 98% de TPE-PME, ne sont pas parvenues à générer une croissance rentable malgré leurs efforts permanents d’adaptation et d’innovation.
Malgré des facteurs externes favorables, la guerre des prix dans la grande distribution freine significativement la capacité des entreprises agroalimentaires à investir et à se développer. Alors que plusieurs facteurs externes ont contribué à créer un environnement favorable (prix du pétrole, coût des matières premières, taux d’intérêt, etc.), les entreprises agroalimentaires françaises ont été une nouvelle fois confrontées à une guerre des prix sans répit de la grande distribution. La spirale déflationniste se poursuit donc malgré les nombreux signaux d’alerte sur l’ensemble de la filière, notamment sur les secteurs de l’élevage en France. Au total, en 2015, la déflation des produits alimentaires était de 1,2 %, pour une baisse cumulée de 2,3 % sur les deux dernières années (source IRI).
Dans ce cadre, le taux de marge du secteur a atteint son plus bas niveau depuis 1974. Les termes de l’échange, (qui signalent la difficulté des industriels à passer leurs tarifs), défavorables à l’industrie alimentaire face à la distribution ont significativement contribué à l’érosion des marges depuis 2009 (source Insee).
Cette situation hypothèque lourdement les investissements, la nécessaire modernisation de l’appareil productif, la capacité à recruter et la position internationale du premier secteur industriel français. Alors qu’en juillet 2015, les chefs d’entreprises agroalimentaires anticipaient une hausse de leur investissement de 9%, l’investissement s’est finalement brutalement contracté pour finir à -7 % fin 2015, soit une révision de 16 points, d’une ampleur inédite (source : enquête INSEE sur les Investissements dans l’industrie).
Comme l’an passé, la guerre des prix n’a pas eu d’impact positif sur le niveau de consommation des produits alimentaires qui a augmenté deux fois moins vite que la consommation totale : +1,1 % vs +1,9 %. Entre 2013 et 2015, la consommation alimentaire (+0,5 %) a simplement suivi l’évolution démographique (+0,4 %).
L’innovation constitue un levier majeur de croissance et de développement pour les entreprises agroalimentaires françaises (cf. colloque Innovation et Créativité Alimentaire organisé le 15 mars 2016). Le secteur agroalimentaire doit continuellement s’adapter et ajuster son offre pour répondre aux évolutions des attentes des consommateurs français, européens et internationaux. Il est important de rappeler que 61 % des entreprises agroalimentaires innovent contre 53 % dans les autres secteurs industriels. De plus, 20 % des IAA contre 16 % dans les autres secteurs mettent un produit nouveau sur le marché chaque année (source : INSEE).
Avec un excédent commercial de 8,1 milliards d’euros (+5 % vs 2014), l’industrie alimentaire conserve sa 2e place parmi les principaux contributeurs à la balance commerciale française derrière l’aéronautique.
Une analyse des exportations par produit signale que de nombreuses catégories alimentaires sont encore déficitaires (préparations à base de poissons, produits à base de fruits/légumes, huiles et graisses végétales, etc.) de sorte que le solde commercial, mesuré hors boissons et tabac, demeure encore négatif en 2015 (-3,3 milliards d’euros).
Une analyse des exportations par zone géographique illustre la part prépondérante des pays européens dans les exportations agroalimentaires françaises en 2015 (66,2 %). D’autre part, les parts des exportations vers l’Asie et la zone ALENA ont augmenté en 2015 pour atteindre respectivement 13,8 % et 9,6 %. Le renforcement des positions françaises sur ces marchés en forte croissance et la conquête de nouveaux marchés constituent ainsi un excellent levier de croissance à l’export.
L’innovation et l’export demeurent deux leviers de développement extrêmement liés et complémentaires. A cet égard, 70 % des entreprises agroalimentaires exportatrices innovent (source : INSEE).
Avec 21 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’export, l’agroalimentaire français se maintient à la 4ème place mondiale des exportateurs derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas. La contribution à l’export des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises s’élève à 66 % alors qu’elles ne constituent que 2 % du nombre total des entreprises agroalimentaires françaises. Un accompagnement soutenu des TPE-PME françaises à l’export se révèle être un enjeu à fort potentiel de croissance.