conjoncture économique

[Economie] Note de conjoncture nov 2016

La note de conjoncture n°77 de l’ANIA revient notamment sur lalourdissement de la fiscalité, dans un contexte de guerre des prix, grève le résultat d’exploitation des entreprises agroalimentaires, en affectant son potentiel de croissance.

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Auteur

Stéphane Dahmani

Stéphane Dahmani

Directeur Economie

Au sein du département économie et compétitivité, Stéphane DAHMANI suit les dossiers relatifs à l’économie et la compétitivité du secteur agroalimentaire.

Son rôle est de représenter l’ANIA dans différentes instances (MEDEF…) et auprès des Pouvoirs Publics et d’apporter son expertise aux commissions, groupes de travail et services de l’ANIA. Ses principales fonctions sont d’assurer le suivi d’indicateurs économiques et de panel et la production d’une veille sur le secteur agroalimentaire. Il participe également à la rédaction de notes de conjoncture, de positions et d’argumentaires sur le secteur, dont il assure la synthèse et la diffusion auprès de nos différents adhérents (fédérations, entreprises).

Auparavant il était Economiste pendant 5 ans à la Direction Générale du Trésor. Il a notamment eu en charge, pendant 4 ans, la réalisation de prévisions macroéconomiques (Inflation, Consommation des ménages et Croissance) au sein du service des Politiques macroéconomiques et des affaires européennes (SPMAE) de Bercy. Plus récemment, il était le responsable du suivi des entreprises françaises (situation économique et financière) et rapporteur au sein de l’Observatoire du financement des entreprises, auprès de la Médiation du crédit.

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L’industrie alimentaire demeure l’une des grandes forces productives françaises. Elle représente près de 20 % de la valeur ajoutée de l’ensemble de l’industrie et regroupe un emploi industriel sur 6. Pour autant, elle se trouve aujourd’hui prise en étau entre un amont dont la compétitivité se réduit année après année par rapport à ses voisins européens et un aval dont la guerre des prix et la concentration progressive exercent une pression considérable sur ses propres prix de vente et sur ses marges.

Un alourdissement sans précédent de la fiscalité alimentaire depuis 2011

La fiscalité agroalimentaire grève de manière substantielle le résultat d’exploitation des entreprises. La contribution du secteur, qui finance à lui seul 13 % du budget de l’Etat, s’est considérablement accrue depuis 2011, avec la multiplication de taxes d’un montant fixe sur accises (taxes boissons, droits sur les bières, taxes sur les spiritueux…). Au total, ce sont près de 600 millions d’euros (M€) qui ont été payés de manière additionnelle par les entreprises depuis 2011 (pour une hausse totale de 1,2 milliards d’euros -Md€- en intégrant les cotisations sociales). La hausse de la fiscalité affecte aussi le poste énergétique, donnée essentielle pour l’agroalimentaire, 3ème secteur le plus consommateur d’électricité en France. Depuis 2011, 200 M€ ont été payés de manière additionnelle par le secteur au titre de l’énergie, ce qui porte aujourd’hui à près de 6 Md€ le poids des taxes alimentaires et énergétiques supporté par l’ensemble de la filière alimentaire.

La guerre des prix dans la grande distribution affecte sensiblement la situation financière des entreprises

Les 16 218 entreprises alimentaires, pour pouvoir commercialiser leurs produits auprès des français, doivent négocier avec 4 centrales d’achat qui représentent chacune entre 20 et 25 % du marché de la grande consommation à dominante alimentaire (source ILEC). La grande distribution a donc un impact considérable sur la structuration de l’ensemble de la filière alimentaire française. Force est de constater que depuis 2013, les industriels se voient imposer systématiquement des baisses de tarifs. La déflation atteint près de 4% en cumul s’agissant des produits alimentaires sur les 3 dernières années. Cette incapacité globale à répercuter auprès des enseignes de distribution les hausses de coûts ou besoins d’investissement exerce une pression importante sur la santé financière des entreprises agroalimentaires. De surcroît, à cette guerre des prix généralisée, s’est récemment adjointe une guerre des promotions : le chiffre d’affaires des produits sous promotions a en effet augmenté de près de 7 % depuis 2015. Cette guerre des promotions alimente la spirale déflationniste sans faire croître les marchés, puisque la consommation peine à redécoller, dans un contexte de reprise du pouvoir d’achat pourtant porteur. En revanche, la situation financière du secteur agroalimentaire, constitué pour      76 % de TPE, continue d’être précaire : le taux de marge baisse en effet tendanciellement depuis plusieurs années, alors qu’il a retrouvé son niveau d’avant crise dans l’ensemble de l’industrie.