Les enjeux sociétaux, environnementaux et économiques liés au développement et au renforcement de la filière des protéines sont considérables. Il s’agit de répondre à la forte croissance démographique mondiale et à la transition nutritionnelle tout en renforçant l’indépendance protéique de l’Europe, aujourd’hui non atteinte.
Avec son expertise sur les filières agricoles, alimentaires et protéiques, la France dispose des compétences nécessaires pour se positionner comme un des leaders mondiaux dans l’approvisionnement en protéines à l’horizon 2030. Néanmoins, plusieurs actions et leviers doivent être mis en oeuvre pour renforcer, valoriser, et développer davantage le secteur et lui conférer un avantage concurrentiel certain et durable face aux acteurs étrangers. Le soutien des pouvoirs publics est nécessaire.
Durant le premier semestre 2016, l’ensemble du secteur français des protéines a été invité à prendre part à une réflexion prospective et collaborative animée par l’ANIA, avec le précieux soutien du Pôle de compétitivité Industries & Agro-Ressources. Cette démarche inédite s’inscrit dans le cadre de la solution « alimentation intelligente » de la Nouvelle France Industrielle impulsée par le gouvernement en 2015.
Selon la FAO, Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, 1/7ème de la population mondiale souffre de la faim et 1 milliard de personnes ont des apports protéiques insuffisants en 2016.
En outre, la population mondiale devrait dépasser 8,4 milliards d’habitants d’ici 2030. Ce contexte de forte croissance démographique, combiné aux enjeux globaux du changement climatique et de la transition nutritionnelle, crée de nouvelles pressions sur les ressources naturelles, notamment alimentaires, et plus particulièrement sur les sources de protéines dont la demande devrait croitre de plus de 40% pour les 15 prochaines années.
L’Europe et la France souffrent d’une forte dépendance aux importations de protéines en raison d’un déficit dans le secteur de l’alimentation animale, particulièrement en provenance du continent américain. En effet, l’Europe importe plus de 60% de ses besoins. Dans le même temps, certaines sources protéiques sont exportées sans qu’aucune valorisation économique ne soit effectuée. La France avec plus de 40 millions de tonnes de blé récoltées en 2015 est le cinquième producteur mondial et le deuxième exportateur. Ceci représente plus de 2 millions de tonnes de protéines exportées sans avoir été transformées et valorisées.
La durabilité de la production et de la valorisation des protéines en France constitue donc un défi majeur que les acteurs peuvent relever collectivement. Tout en garantissant une bonne valeur nutritionnelle, des sources de protéines complémentaires peuvent offrir un levier d’action qui permet de répondre aux demandes des consommateurs et de s’orienter vers un régime alimentaire plus respectueux de l’environnement et moins consommateur de ressources.
Outre les filières animales et végétales, des sources comme les microalgues et les insectes représentent des nouvelles filières à explorer et pour lesquelles la France dispose d’une expertise à exploiter. Enfin, le développement des « protéines du futur » en France représente une opportunité pour le consommateur d’avoir accès à une offre d’aliments intégrant des ingrédients innovants, à fort bénéfices nutritionnels et à un coût compétitif.