[Tendance] Quand l’exotisme rime avec durabilité !
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Longoya est une start-up créée en 2015 par Marvet MBANI et Alexandre VILLARD. Ces deux associés aux profils différents se sont accordés sur la valorisation des fruits exotiques. Ce mois-ci Alexandre VILLARD nous présente son innovation : le Vin de Kiwi.
RACONTEZ-NOUS LA CREATION DE LONGOYA…
Nous avions la volonté de tous les deux de créer notre entreprise. Marvet est diplômé de l’INSEEC et de l’EM Lyon et moi je suis ingénieur en chimie et en génie des procédés de CPE Lyon.
Le kiwi, comme de nombreux autres fruits, doit répondre à des normes de calibrage et des critères physiques pour être distribué. Cela génère de nombreux invendus pour cause de faciès non respecté malgré la qualité du produit. Nous avons souhaité valoriser ces pertes par le biais du vin de kiwi.
Nous avons développé notre produit en partenariat avec des vignerons. Et nous l’avons testé sur un salon, qui a été une réussite.
Mais le parcours a aussi été semé d’embuches. Nous avons eu des difficultés à rencontrer des acheteurs, des distributeurs. En effet, cela n’a pas été facile de faire accepter le produit aux acheteurs, qui avaient peur de passer la barrière de l’inconnu. De plus, la vente et la communication via des salons coutent chères. Pour une jeune entreprise, c’est un budget colossal.
La Recherche et le Développement sont également des postes budgétaires considérables. Nous souhaitons à terme proposer une gamme de vin de fruits afin de compléter le vin de kiwi. Une gamme bio et un pétillant seront également proposés l’an prochain.
LE VIN DE KIWI : QU’EST-CE QUE C’EST ?
Sa fabrication est une application de la technologie du vin sur du kiwi au lieu du raisin. La fermentation dure deux semaines. S’en suit une filtration et une stérilisation avant d’obtenir le précieux vin de kiwi.
L’atout de notre vin de kiwi est qu’il est sans colorant, ni sucre ajouté, ou arôme ajouté. C’est également un produit écoresponsable. C’est une boisson au goût frais et fuité, agréable en bouche. Proche d’un vin blanc, c’est un nectar à la robe jaune pâle, au nez exubérant d’agrumes et de fruits exotiques, avec une bouche fraîche et équilibrée, à la finale longue et aromatique. Le blanc de kiwi est faiblement alcoolisé (8.5°).
Nous avons débuté la vente de nos produits en mars 2016. En septembre, plus de la moitié de notre stock de bouteilles s’était déjà écoulé, ce qui représente 9000 bouteilles sur 16 500. Nous distribuons essentiellement en épicerie fine, chez les cavistes et les CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants).
>> PAROLE D’EXPERT
Céline Laisney a créé le cabinet AlimAvenir en 2013, après 10 ans passés à Futuribles, société d’études et de conseil en prospective, et 5 ans au Centre d’études et de prospective du Ministère de l’agriculture, en tant que chargée de mission Veille.
AlimAvenir propose aux acteurs publics et privés une expertise indépendante sur les évolutions passées et futures des comportements alimentaires, et exerce une veille permanente sur les nouveaux produits et services (agriculture, agroalimentaire, distribution, restauration). AlimAvenir a réalisé plusieurs études de prospective (Conseil régional Nord – Pas de Calais, Rungis, Organics Cluster, études stratégiques internes, etc.) et intervient régulièrement dans des colloques et conférences.
On voit se développer de nombreuses initiatives qui ont pour objectif de lutter contre le gaspillage en récupérant des invendus, des produits non calibrés ou encore des co-produits, pour créer de nouveaux produits à valeur ajoutée. Ces initiatives, qui s’inscrivent dans l’économie circulaire, peuvent être source d’innovation, comme on le voit ici. Il faut toutefois veiller à l’impact environnemental et énergétique sur l’ensemble du cycle de vie du produit : comment va-t-on récupérer la matière première, la transporter, la transformer ?
D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que l’idéal serait de réduire les pertes à la source, et donc de remettre en cause les normes de calibrage et l’importance donnée à l’aspect « sans défaut » du produit. Là aussi, on voit fleurir les initiatives qui peuvent permettre d’éduquer peu à peu le consommateur. Sur ces questions à la fois techniques et politiques, vous pouvez consulter l’étude prospective de l’INRA "Gaspillage alimentaire en ville".