[Tendance] Interview : Sylvain Zaffaroni, co-fondateur de Cook Innov
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Comment détecter les futures pépites alimentaires ? Sylvain Zaffaroni, co-fondateur de Cook Innov nous partage son expertise sur comment identifier, qualifier et décoder les sociétés alimentaires innovantes, en France et à l’international, dont les produits finiront dans les assiettes des consommateurs.
Pourquoi s’intéresser aux start-up alimentaires innovantes ?
En préambule, notre vision est qu’à l’instar d’autres secteurs d’activité comme le transport (Uber, BlaBlaCar), le logement (Airbnb, CouchSurfing) et la finance (Ulule, Lending Club), le secteur de l’agro-alimentaire n’échappera pas à son « ubérisation » et de nombreuses futures pépites alimentaires seront conçues et développées par des start-up.
Depuis quelques années, de nombreuses jeunes entreprises innovantes ont prouvé localement leur réussite sur des marchés naissants et prometteurs.
C’est, par exemple, le cas de la jeune entreprise danoise Lakrids by Johan Bulöw qui a innové en proposant de nouvelles recettes de confiserie à base de réglisse. En quelques années, sans apport financier externe, elle a déployé 14 boutiques en propre et est devenue le leader sur son pays. Son fondateur a été élu manager de l’année au Danemark à l’âge de 30 ans.
La mission de les identifier et de les décoder est donc, aujourd’hui, une obligation pour les groupes alimentaires qui souhaitent être en veille active sur les innovations à venir.
Comment les identifier, les qualifier et les décoder ?
Plusieurs moyens sont possibles pour identifier ces jeunes entreprises innovantes : les points de vente, les salons, la veille digitale, les incubateurs, la presse spécialisée…Toutefois beaucoup d’entre elles sortent du radar de ces outils de veille et il est donc nécessaire de se déplacer dans les pays d’origine et de développer le réseau ad-hoc pour être en contact directement avec leurs créateurs.
Une fois identifiés, il est nécessaire de les qualifier afin de vérifier la pertinence de leur développement futur. Leurs produits ne sont que la partie visible de leur marque, il faut donc analyser l’innovation à travers les différents éléments structurants de l’entreprise : stratégie, management, R&D, production, distribution, communication,…
Celles qui auront réussi « l’examen » peuvent ensuite être approchées pour développer des opérations spécifiques (investissement, open innovation, partenariats,…) mais il faut avoir le bon « décodeur » ! En effet, ces start-up ont leurs propres codes, leurs propres références et des ambitions qui sont rarement en phase avec le discours des sociétés plus traditionnelles. Il faut donc adopter la communication qui leur est propre : agilité, opportunité, ego des fondateurs,… afin de créer le premier lien d’un partenariat durable.
Les start-up alimentaires, l’avenir des grands groupes industriels ?
Il serait maladroit, aujourd’hui, de ne pas s’intéresser à ces différentes créations de jeunes entreprises alimentaires innovantes.
Fort de leur agilité, de leur nouvelle vision du management, de leurs choix disruptifs dans de nombreux domaines comme la distribution, de leurs communications sur des nouveaux supports (réseaux sociaux, ambassadeurs,…), ce sont de superbes laboratoires de nouvelles opérations innovantes.
Hampton Creek a, par exemple, réussi à prendre des parts de marchés très importantes avec sa recette de mayonnaise sans œuf (Just Mayo) en quelques années. Le produit a été plébiscité par les consommateurs et se retrouve, aujourd’hui, dans plus de 16 000 points de vente, 3 000 cantines d’école publique et même au sénat américain !
Au-delà de leurs productions et de leurs réussites commerciales, il est indispensable de rester en veille sur leur développement et s’intéresser aux différents éléments qui ont fait leur réussite car leurs fondateurs sont issus de la même génération que les consommateurs actuels et sont en train de semer les graines qui feront les « pépites » alimentaires de demain.