Dans le secteur agroalimentaire, l’année 2016 se caractérise pour l’heure par un découplage de l’activité, entre une demande intérieure qui se raffermit, marquée par la probable accélération de l’investissement et un maintien de la consommation, tandis que le solde commercial se dégrade.
Une contraction des échanges extérieurs observable depuis le début de l’année
Estimé autour de 8 Md€ fin 2015 en cumul sur les 12 derniers mois, le solde commercial des industries agroalimentaires (3e secteur contributeur au solde commercial global) fluctue désormais autour de 7,5 Md€. En mai 2015, les exportations baissent de -2,3 % sur un an tandis que les importations se maintiennent. En termes de performances commerciales, 2016 constitue pour l’heure l’année la plus faible pour le secteur depuis 2010.
Ces évolutions traduisent d’abord les problèmes structurels de compétitivité du secteur. Alors que la demande intérieure progresse (hausse de l’investissement prévue à 13 % en 2016 ; consommation en hausse de 1,5 % sur les 12 derniers mois), la production baisse (-0,7 % pour 2016 à l’issue du mois de mai), de sorte que l’importation constitue le seul levier actionnable pour satisfaire ce surcroît de demande. Par produits, les baisses se retrouvent dans les secteurs qui portent traditionnellement le solde global : produits laitiers et glaces (-150 M€) et boissons (-50 M€), de sorte que mesuré hors boissons et tabac, le solde commercial s’inscrit à -3,7 Md€ (contre -3,4 Md€ en 2015), soit un niveau historiquement bas. Signe d’une compétitivité qui s’érode, le solde commercial est, sur une longue période, davantage porté par l’évolution des prix, tandis que la dynamique des quantités exportées s’avère plus limitée.
Des incertitudes grandissantes pourraient peser sur le solde commercial, dans des proportions difficilement quantifiables.
Elles sont d’abord liées au ralentissement de la croissance des pays émergents (14 % des exportations agroalimentaires en Asie), puis confortées par le Brexit, qui affecterait en premier lieu les économies européennes (66 % des exportations agroalimentaires).
Le résultat de ce référendum contribue à limiter la visibilité des industriels, tout en faisant peser un risque sur les performances à l’export des entreprises. Avec 4,5 milliards d’euros exportés dans le secteur agroalimentaire (soit 14% des exportations totales en 2015), le Royaume-Uni est le 2e partenaire européen de la France, avec des performances concentrées sur un nombre restreint de secteurs : vin, produits laitiers et viennoiseries, produits issus de boulangerie et de céréales. A ce stade, il demeure délicat d’établir un diagnostic économique tant les modalités de la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni restent indéterminées.