“Un été brûlant avec des éleveurs chauffés à blanc par des trésoreries exsangues (p. 10). L’embargo russe et le ralentissement de la demande chinoise n’expliquent pas tout. La compétitivité agricole est au cœur du problème. Dans une France urbanisée qui idéalise l’exploitation familiale, saura-t-on se hisser à la hauteur de l’enjeu ? C’est un modèle de société, un choix politique, qui implique de sortir des logiques d’opposition et donc de la guerre des prix.
Avec des hausses opportunistes sur la viande fraîche et sur certains produits laitiers, les enseignes ont mis cette question sous un vernis médiatique. Et hissent dans les magasins les bannières « Fiers de nos éleveurs ». Les regards sont désormais braqués vers les industriels, avec une injonction: « Jouez le made in France » ! Les consommateurs adhèrent, désireux d’être davantage informés (p. 22) et – dans les déclarations – prêts à payer les quelques centimes d’euros de plus.
Bien que légitime, ce réflexe bleu-blanc-rouge n’est pourtant pas sans risque. Comment développer nos exportations tout en évinçant de nos marchés les produits étrangers ? Ne faudrait-il pas nous garder d’un repli sur soi contre-productif dans un monde ouvert ? Et nous focaliser sur l’essentiel : quelle valeur ajoutée nos filières sont-elles capables de créer ?
Les technologies et la science ont encore beaucoup de réponses à apporter. Raymond Doizon, dg délégué de Fleury Michon, ne dit pas autre chose (p. 5). Il défend même une innovation ouverte à l’instar du consortium créé avec d’autres industriels autour des hautes pressions.
C’est l’exemple de Triballat-Noyal, que l’on retrouve dans un projet avec Europlastiques autour de la création de polyesters thermoplastiques créés à partir de bactéries marines (p. 89). Et parmi les co-investisseurs dans un pilote d’extrusion bi-vis de Clextral, un process de séchage, plus qualitatif et moins gourmand en énergie (p. 43). Ces technologies sont prometteuses. D’autres plus anciennes s’adaptent à de nouvelles applications. C’est le cas du skin sous-vide (p. 92), dont le sursaut s’observe dans les linéaires. Quant aux nouvelles tours de séchage de poudres laitières (p. 36), elles répondent à de hauts niveaux d’exigences sanitaires et fonctionnelles. Le prix à payer pour ouvrir les portes de marchés porteurs de valeur et sortir de la dépendance de cours mondiaux de plus en plus instables et bataillés.”
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sommaire du numéro de septembre du magazine Process Alimentaire.