Grand Entretien de Jean-François Loiseau avec Process alimentaire

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Ce mois-ci, Jean-François Loiseau a accordé un entretien à Process alimentaire. Il y aborde son état d’esprit en ce début de mandat, l’état des lieux qu’il dresse de l’ANIA, sa feuille de route et la rentrée politique.

C’est dans un contexte inédit que le conseil d’administration de l’Ania (Association nationale des industries alimentaires), a élu le 20 juin dernier son nouveau président. Seul candidat, Jean-François Loiseau a succédé à Jean-Philippe André, qui occupait cette fonction depuis 2021.

Dans quel état d’esprit débutez-vous ce mandat ?

En faisant acte de candidature, j’ai mis en avant, avec détermination, le rassemblement afin de promouvoir l’industrie agroalimentaire et ses 20 000 entreprises, qui vont des TPE locales à des grands groupes internationaux. Quel que soit leurs activités, ces sociétés ont besoin d’être accompagnées car elles représentent plus de 500 000 emplois et des milliards d’euros d’investissements, de taxes, d’impôts et de contributions ; sans oublier l’innovation. Ce qui fait aujourd’hui la valeur de l’alimentation et des filières agroalimentaires, c’est avant tout le plaisir de bien manger. Nous sommes dans une société du « sans », le sans sucre, le sans gluten, etc. Je pense qu’il est important de remettre la notion de « avec » au cœur des discussions, de façon à remettre du positif dans les messages en s’appuyant sur le savoir-faire des entreprises agroalimentaires.

Quel état des lieux faîtes-vous de l’Ania ?

Depuis plusieurs années, l’Ania est en dysfonctionnement de gouvernance. Comment y remédier ? Cela passe par le dialogue entre l’ensemble des métiers, des régions et des entreprises. La volonté des administrateurs est désormais de redonner des couleurs, de l’efficacité à l’Ania pour que l’association redevienne le porte-drapeau de l’industrie agroalimentaire et de ses entreprises afin d’avancer le plus efficacement possible sur les dossiers stratégiques. C’est pourquoi nous avons rapidement recruté un nouveau directeur général en la personne de Maxime Costilhes. En réorganisant la gouvernance, nous avons mis en place un groupe un groupe de vice-présidents, eux-mêmes dirigeants de sociétés, qui prendront en charge des sujets phares de l’industrie comme la compétitivité, la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), la nutrition/santé, l’export, les relations industrie-commerce ou encore les PME et les territoires.

Quid des départs de la Fnil et du Syndicat des Brasseurs ?

Peu avant l’élection du 20 juin, la Fnil (Fédération nationale des industries laitières) et Brasseurs de France ont effectivement manifesté leur intention de démissionner à titre conservatoire à la fin de l’année. Nous sommes en discussion avec eux et il est clair que nous devrons rester ensemble ; il y a une absolue nécessité à travailler en collectif. Je n’ai pas d’autre objectif que celui de rassembler. Je suis donc confiant pour que dans les prochains mois, l’association retrouve la place qu’elle mérite dans l’économie française.

Quels sont les sujets clés de votre feuille de route ?

Ma priorité est de donner les meilleurs outils aux entreprises de l’agroalimentaire en termes de compétitivité, vis-à-vis de la concurrence européenne et internationale. Il est indispensable de faire en sorte que l’Etat joue sa contribution en accompagnement mieux ces entreprises. Pour attirer les talents et en particulier les plus jeunes, l’entreprise doit être en bonne santé économique. Il est primordial qu’elle en ait les moyens sans se faire compresser lors des négociations commerciales. Pendant plus de dix ans, nous avons connu de la déflation car il était impossible de passer les hausses de tarifs demandées, tout en faisant la promotion d’une alimentation de qualité en France. La compétitivité est la mère des batailles afin de permettre aux entreprises d’être performante sur les marchés avec leurs produits face à des concurrents français ou internationaux. Pour innover, il est indispensable que le rapport de force soit plus équitable. Illustration avec la décarbonation : réussir ce challenge passe par des dizaines de milliards d’euros d’investissements. Mais, sans création de valeur, les entreprises ne peuvent pas résister. D’où l’importance de remettre « l’église au centre du village ». C’était un peu l’objectif des lois Egalim et Descrozaille. La performance des entreprises est mon cheval de bataille.

Quel impact de la mauvaise récolte de blé pour l’agroalimentaire ?

Cette année, la récolte est catastrophique pour les filières agricoles. Cette situation est liée à la météo, mais également à un manque de solutions pour lutter contre certains contaminants. La qualité est très hétérogène, ce qui demande de trier et ce qui sera donc plus coûteux. Or le blé est essentiel dans l’alimentation française. Pour les industriels concernés dans leurs approvisionnements comme les meuniers, le suivi de cette qualité sera donc un enjeu majeur. Cependant et malgré cette mauvaise récolte, les filières agricoles réussiront à fournir aux industriels de bonnes céréales qui leur permettront ensuite de fabriquer des produits à très haut niveau de sécurité et de qualité.

Comment abordez-vous cette rentrée politique ?

Dans cette nouvelle Assemblée Nationale très hétéroclite, il y a une nécessité absolue de partager avec les parlementaires, la réalité du quotidien d’une entreprise : son rôle économique, son fonctionnement et comment l’accompagner. Avec nos 32 syndicats métiers et nos 17 associations régionales, nous allons aller à leur rencontre dans les prochains jours afin de partager avec eux la nécessité de conserver et de développer le tissu agroalimentaire français, 1ère industrie du pays.

Jean-François Loiseau, président de l’Ania

Propos recueillis par Marjolaine Cérou

Depuis le 20 juin 2024, président de l’Ania

2017 : animateur du groupe « export » des Etats Généraux de l’Alimentation

Depuis 2016 : président de la filière céréalière – Intercéréales

Depuis 2011 : président du groupe coopératif Axéréal